Après l’arrêt sur image, quels scénarii pour l’économie, demain et après-demain ?
Pour son Happy hour de rentrée, Culture branches a donné le 16 septembre la parole à l’économiste Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l'épargne, pour une réflexion sur l’après crise sanitaire : "Après l’arrêt sur image, quels scénarii pour l’économie, demain et après-demain ?"
Introduit par David Giovannuzzi, Directeur des accords de branches d'AG2R LA MONDIALE, Philippe Crevel était bien présent, dans l’auditorium de la rue de Bercy, pour un retour aux événements Culture branches sur site. Devant une assemblée limitée, jauge sanitaire oblige, l ’économiste a analysé la situation économique mondiale et souligné les tendances en cours et à venir. Avec un premier constat : l’après crise n’est ni l’enfer annoncé avec son lot de faillites et de chômage, ni l’avènement d’un nouveau monde débarrassé de ses anciens travers. La seule chose certaine est que, « face à une situation nouvelle, il faut faire preuve d’imagination et d’innovation. »
Un risque de surchauffe
Revenant sur l’histoire des épidémies (peste européenne, choléra, grippe espagnole), vecteurs de changements économiques majeurs (ouverture au progrès, révolution industrielle, taylorisation), Philippe Crevel a livré quelques chiffres sur la conjoncture. L’économie mondiale a globalement retrouvé son niveau d’activité d’avant la crise sanitaire au prix, pour les États, d’un soutien budgétaire (et de déficits) sans précédent. La masse monétaire en circulation et les dépenses se sont à tel point envolées qu’une surchauffe est à craindre (risque d’inflation, pénurie de matières premières, difficultés de recrutement…). Elle devrait être néanmoins temporaire.
L’assainissement des fonds publics
Dans ce contexte, quelles politiques adopter ? Selon l’économiste, les institutions monétaires internationales privilégient un retour à la normale prudent, sans hausse des taux d’intérêt qui pourrait mettre à mal les dettes souveraines. L’assainissement des fonds publics est un impératif mais où faire des économies quand la retraite, la santé, la dépendance, l’éducation, la digitalisation ou la transition énergétique nécessitent des dépenses importantes ? Tandis que se profile l’apparition d’une monnaie digitale à l’échelle mondiale (et le cantonnement de la dette à la « vieille monnaie »), des scenarii jouant plus classiquement sur l’offre et la demande sont envisagés.
Que faire de la « cassette » Covid ?
Du côté de l’offre, la France, leader en matière de création d’entreprises, dispose, selon Philippe Crevel, d’un « fort volant de création d’emplois et de baisse du chômage ». Avec 800 000 départs à la retraite, le marché de l’emploi est même en tension avec de forts besoins dans les services à la personne, l’informatique, le bâtiment et la transformation énergétique. La « gestion des effectifs et l’adaptation des outils de travail au vieillissement de la population » est un défi majeur. Du côté de la demande, que feront les Français, dont le pouvoir d’achat a augmenté, de l’épargne accumulée pendant la crise ? L’économiste estime que « les prix élevés de l’immobilier » constituent en France une « entrave à la croissance ». Il souligne également le « sentiment d’inégalité » lié à un « problème de répartition des richesses ». Il rappelle enfin le coût élevé de la transition énergétique devenue réglementaire et sa préférence pour une économie décarbonée plutôt que pour la décroissance.
Retrouvez la présentation de Philippe CREVEL
Crédits photos : Xavier Renauld