17:30 Culture branches "Conduites addictives : Quels détection, prévention et accompagnement au travail ?"

Cette rencontre a mis en lumière la nécessité d’une réponse collective face à un phénomène aux multiples visages : dépendances à des substances, conduites à risque ou encore hyperconnexion. En toile de fond, un constat partagé : l’environnement de travail peut jouer un rôle dans l’émergence ou l’aggravation de ces situations.

De l’état des lieux chiffré présenté par Alexis Peschard, addictologue et Président de GAE Conseil, aux témoignages de terrain de négociateurs de branches, Michel Canovas (CFTC BATI-MAT-TP) et Renaud Giroudet (FCD), les échanges ont souligné la nécessité d’agir collectivement, à tous les niveaux, pour faire des addictions une composante pleinement intégrée des démarches de prévention en entreprise.

Parler des conduites addictives au travail, c’est accepter de sortir du déni. C’est reconnaître que derrière les chiffres – 62 % des Français seront confrontés à un trouble de santé mentale au cours de leur vie – se trouvent des visages, des parcours, des fragilités parfois invisibles mais bien réelles. C’est surtout admettre que ces réalités ne s’arrêtent pas à la porte de l’entreprise.

Le monde professionnel n’est pas imperméable aux troubles psychiques ou aux conduites à risque. Il en est parfois même un facteur aggravant. Les rythmes, les pressions, les isolements silencieux ou les tensions collectives peuvent, sans prévention adaptée, devenir le terreau d’une souffrance dont l’addiction est parfois l’expression la plus criante.

Chez AG2R LA MONDIALE en général et au sein de Culture branches en particulier, nous sommes convaincus que la santé mentale ne doit plus être un impensé. En faire la grande cause nationale 2025 n’est pas un simple signal institutionnel : c’est une invitation à l’action. Agir sur la problématique des conduites addictives en entreprise, sujet longtemps ignoré ou minimisé, s’impose aujourd’hui comme un enjeu incontournable. Face à des conduites à risque qui évoluent – nouvelles substances, cyberaddictions, banalisation de certaines pratiques – il n’est plus possible de fermer les yeux. Il est primordial de structurer une réponse collective.

C’est dans cet esprit que nous avons imaginé et conçu ce 17:30 Culture branches. Non pas comme un moment de sensibilisation isolé, mais comme un levier pour nourrir une culture commune de la prévention. En réunissant un expert en addictologie, des représentants de branches engagées, des acteurs du dialogue social, nous voulons créer les conditions d’une parole libre et responsable.

Réfléchir à plusieurs voix, c’est faire le pari du progrès social. À nous de faire en sorte que cette rencontre ne soit pas seulement une discussion ponctuelle, mais le point de départ d'une prise de conscience durable.

Spécialiste des problématiques d’addiction en milieu professionnel, Alexis Peschard a ouvert son intervention par une mise au point claire : une conduite addictive ne se limite pas à une consommation excessive ou illicite – elle s’installe dès lors qu’un usage, qu’il soit de substance ou comportemental, persiste malgré ses conséquences négatives sur la santé, les relations ou le travail.
 

• 62 % des Français ont déjà connu un trouble de santé mentale.

• 51 % des actifs se disent dépendants à une substance ou à un comportement.

• Le risque de mésusage des psychotropes est multiplié par 9,5 chez les personnes concernées.
• 79 % estiment que les employeurs n’agissent pas suffisamment sur ces sujets. (Source : étude Odoxa – GAE Conseil, janvier 2025)

Son propos s’est voulu à la fois précis, accessible et interactif. Pour concerner le public et casser les idées reçues, il a ponctué son intervention de mini-quizz, invitant les participants à se positionner sur des affirmations courantes : “Qu’appelle-t-on la dépendance ?”, “Les addictions ne concernent que la sphère privée ?” ou encore “A votre avis, quelle part de la population adulte française a déjà consommé du cannabis ?”. Un moyen ludique et efficace de faire émerger les représentations et de lever le déni collectif.

L’addiction n’est pas une question de volonté individuelle. C’est une problématique multifactorielle, influencée par l’environnement, les conditions de travail, les pressions sociales. 

Changer de regard, c’est déjà commencer à agir.

Pour cela, Alexis Peschard distingue trois niveaux complémentaires de prévention :

• Primaire, en amont : construire un environnement de travail protecteur et prévenir les facteurs de vulnérabilité.
• Secondaire, au moment où les premières alertes apparaissent : savoir repérer les signaux faibles, former les encadrants, proposer un accompagnement adapté.
• Tertiaire, en aval : prendre en charge les situations installées, éviter les rechutes, favoriser le retour au travail.

Après l’intervention d’Alexis Peschard, deux représentants de branches professionnelles ont pris la parole afin de présenter leurs constatations tirées de leur expérience de terrain. Si leurs secteurs – le bâtiment d’un côté, la grande distribution de l’autre – présentent des réalités différentes, leurs témoignages pointent une même nécessité : mieux structurer la prévention.

Michel Canovas, président de la CFTC BATI-MAT-TP et psychopraticien, a mis en lumière l’évolution des consommations sur les chantiers. L’alcool, longtemps problématique, tend à reculer, mais le cannabis, lui, s’est banalisé, notamment chez les jeunes. Cette banalisation n’est pas sans conséquences : les risques pour la sécurité des travailleurs sont accrus, et les situations d’addiction sont souvent repérées trop tard, après un incident.

Il a également souligné la difficulté, pour les encadrants de proximité, à détecter les signaux faibles et à intervenir sans formation spécifique. D’où l’importance de mieux accompagner les managers de terrain, souvent démunis face à ces problématiques sensibles.

De son côté, Renaud Giroudet, directeur des affaires sociales de la Fédération du Commerce et de la Distribution (FCD), a insisté sur la nécessité d’intégrer les conduites addictives dans les démarches de prévention existantes, notamment via le Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP).

Dans un secteur où les tensions sur les effectifs et les cadences de travail peuvent favoriser des comportements à risque, il appelle à structurer l’action autour des acteurs RH et des managers, qui jouent un rôle-clé de repérage et d’orientation.

Ces interventions et les échanges qui s’en sont suivis ont dessiné la ligne à suivre : sortir du déni, former les équipes, et faire des conduites addictives un sujet pleinement pris en compte dans les politiques de prévention des entreprises.

Loin d’être un sujet périphérique, les conduites addictives traversent aujourd’hui tous les secteurs d’activité. Leur impact sur la santé des salariés, la sécurité au travail, mais aussi sur l’organisation et la performance des entreprises en fait un véritable enjeu collectif.

En mettant ce sujet sur la table, Culture branches contribue à briser ce tabou et à proposer des clés de compréhension et d’action aux partenaires sociaux. Comme l’a expliqué Alexis Peschard, la prévention des conduites addictives doit s’inscrire dans une approche globale et continue, qui commence bien en amont de l’apparition des risques et se prolonge après la prise en charge.

Les témoignages de Michel Canovas et Renaud Giroudet l’ont illustré : les branches professionnelles ont un rôle central à jouer pour structurer des démarches adaptées aux réalités du terrain. Former, sensibiliser, intégrer les risques dans le DUERP, mobiliser les acteurs de la santé au travail, encourager le dialogue social : autant de leviers activables pour anticiper plutôt que subir.

Plusieurs branches ont déjà engagé des actions concrètes, souvent avec le soutien d’AG2R LA MONDIALE, notamment dans le secteur du BTP et dans les Pôles de l’alimentaire, de la coiffure et de l’ESS. Ce sont ces dynamiques que Culture branches souhaite mettre en lumière et accompagner.

Le prochain rendez-vous, prévu le 19 juin et consacré au management intergénérationnel de demain, prolongera ces réflexions autour d’un autre défi du travail en milieu professionnel. D’ici là, les idées et retours d’expérience des acteurs de terrain continueront d’alimenter la dynamique collective portée par Culture branches.

AG2R LA MONDIALE propose des accords de branches santé prévoyance pour près de 110 branches professionnelles. Nos offres co-construites avec les partenaires sociaux répondent aux besoins et spécificités de chaque branche. La particularité d’AG2R LA MONDIALE réside dans la présence de pôles professionnels paritaires et affinitaires au sein de sa Gouvernance : le Pôle alimentaire, le Pôle ESS, le Pôle coiffure.

Créé en 2016, Culture branches entend stimuler la réflexion sur la protection sociale complémentaire de demain. Une approche collaborative innovante d'AG2R LA MONDIALE avec les acteurs clés de la négociation collective, pour construire un modèle de couverture santé et de protection sociale robuste et solidaire. Culture branches, c’est une communauté active de près de 1000 négociateurs qui se réunissent pour échanger, aux côtés d’experts et de professionnels engagés, sur leurs préoccupations et défis actuels.