Au programme : la restitution exclusive du tout premier Baromètre santé au travail réalisé par AG2R LA MONDIALE avec l’institut Occurrence – Groupe Ifop. Cette enquête d’ampleur nationale dresse un panorama contrasté des réalités vécues par les actifs : entre bien-être globalement affirmé, pressions persistantes et nouvelles attentes en matière d’équilibre, de reconnaissance ou d’accompagnement.

Ces travaux ont mis en lumière des situations de fragilité spécifiques — liées à l’aidance, à la parentalité, à l’organisation du travail — qui invitent à repenser l’accompagnement de façon plus concrète, au plus près des acteurs en première ligne et en fonction de leurs conditions d’exercice.

Retour sur cette soirée, qui, une fois de plus, a conforté la capacité de Culture branches à se saisir des questions brûlantes qui touchent le monde de l’entreprise et à dessiner des pistes d’action concrètes pour accompagner ces mutations du travail. Culture branches est aujourd’hui une communauté active de plus de 1000 négociateurs qui entend stimuler la réflexion sur la protection sociale complémentaire de demain.

L'édito de Fabrice Heyriès, Directeur Général AG2R LA MONDIALE

L’entreprise, un acteur clé du lien social


_MG_3324.jpgLes mutations du monde du travail ne cessent de s’accélérer, et avec elles, les attentes des actifs en matière de santé, de reconnaissance et d’équilibre de vie. Dans ce contexte, il nous a semblé important de créer un outil de mesure utile au dialogue social : c’est tout l’objet de ce premier Baromètre santé au travail, réalisé en partenariat avec l’institut Occurrence.
 
En donnant la parole à plus de 2 700 actifs issus de tous les territoires et de tous les secteurs d’activité, cette étude nous livre un éclairage riche et met en évidence que si une grande majorité d’actifs se déclare en bonne santé, nombre d’entre eux expriment aussi des fragilités.
 
L’entreprise devient alors un acteur essentiel de stabilité, de lien social et de bien-être, dans un environnement souvent perçu comme anxiogène – qu’il soit environnemental, politique ou géopolitique. Chez AG2R LA MONDIALE, nous sommes nous-mêmes employeur de 14 200 collaborateurs, et la santé – physique comme mentale – est au cœur de notre métier. En tant qu’assureur santé et prévoyance, c’est une responsabilité que nous assumons pleinement.

Tous ne sont pas égaux face à la santé au travail. Lutter contre les vulnérabilités, notamment celles qui touchent les aidants, les femmes avec enfants ou les salariés isolés, constitue un enjeu central. C’est pourquoi il est essentiel d’adopter une approche globale, tenant compte à la fois des mutations sociétales, des spécificités des métiers et des situations individuelles. La santé au travail ne peut se penser indépendamment des conditions réelles dans lesquelles s’exerce le travail.

Ce baromètre s’adresse avant tout aux branches professionnelles, avec lesquelles AG2R LA MONDIALE entretient un lien historique et profond. En tant qu’acteur paritaire et mutualiste, nous accompagnons les branches dans leurs efforts pour faire de la santé au travail un levier de performance durable et de justice sociale. Ce rôle, nous le remplissons avec conviction, en mettant à leur disposition des outils, des expertises, et désormais, des données précieuses pour nourrir les négociations et les politiques collectives.

Il s’inscrit dans la continuité des actions déjà engagées avec les branches, notamment au travers du programme “Branchez-vous Santé”, qui déploie près de 75 actions spécifiques de prévention et de solidarité pour 2,5 millions de salariés. Ces initiatives concrètes, qu’il s’agisse de soutien aux aidants, de prévention des troubles musculo-squelettiques ou d’accompagnement en santé mentale, traduisent notre engagement à placer l’humain au cœur de nos métiers.

Il reste beaucoup à faire pour que chacun puisse accéder à ces dispositifs et bénéficier d’un accompagnement adapté à sa réalité. Mais nous en sommes convaincus : placer l’humain au cœur des préoccupations de l’entreprise est à la fois un impératif social et un levier de performance.

Ce 7 octobre, à l’occasion de cette restitution, nous avons souhaité ouvrir un espace de dialogue constructif, à l’image de Culture branches, un espace où se croisent l’écoute, l’analyse, et la volonté d’agir. Parce que c’est dans les branches que se construisent les réponses concrètes aux grandes transitions sociales d’aujourd’hui et de demain.

Des actifs globalement en bonne santé, mais des fragilités à considérer - par Assaël Adary (Occurrence - Groupe Ifop)

_X3A7750.jpgLoin des discours alarmistes parfois relayés dans l’espace public, la restitution du baromètre par Assaël Adary a mis en évidence une réalité plus nuancée : la majorité des actifs se portent bien – 89 % déclarent être en bonne santé physique, 86 % en bonne santé mentale – et considèrent l’entreprise comme un lieu de lien social.

Mais derrière ce tableau rassurant, un tiers des actifs indiquent que leur travail a un impact négatif sur leur santé. Le stress, la surcharge ou le manque de reconnaissance sont autant de tensions qui traversent le quotidien professionnel. 

« Ce que nous disent les actifs, c’est qu’ils attendent des signes concrets, pas des postures. », a résumé Assaël Adary.

 

Le baromètre révèle un monde du travail en mutation, traversé par des dynamiques parfois contradictoires : performances et fatigue, autonomie et surcharge, télétravail choisi ou subi, lien social renforcé ou distendu. Plusieurs équilibres fragiles apparaissent : entre bien-être affiché et stress diffus, entre attentes technologiques et hyperconnexion croissante, entre dispositifs théoriques et accessibilité réelle.

Certaines populations de salariés apparaissent particulièrement exposées aux tensions : femmes aidantes avec enfants, non-managers, salariés des grandes entreprises, actifs en horaires décalés. Ces groupes expriment un sentiment d’isolement, de déséquilibre vie pro / vie perso, et de moindre reconnaissance.

L’étude propose une segmentation fine des profils d’actifs, allant des « performants sous tension » aux « décrochés épuisés », chacun exprimant des besoins spécifiques : organisation du travail, prévention, soutien psychologique, reconnaissance, etc.

Si les branches n’étaient pas sur scène, elles étaient pourtant au cœur du propos : les données sont faites pour elles. Elles constituent un socle d’analyse précieux pour nourrir le dialogue social, ajuster les dispositifs existants et bâtir des réponses adaptées.

Chiffres Clés – Baromètre 2025

Sur 2 704 actifs interrogés en juin dernier :

  • 89 % se déclarent en bonne santé physique
  • 86 % se déclarent en bonne santé mentale
  • 60 % se sentent reconnus dans leur travail
  • 1/3 sont aidants
  • 50 % se connectent en dehors des plages horaires habituelles
  • 28 % déclarent être “hyperconnectés
  • 48 % bénéficient de prévention ciblée
  • 36 % citent l’équilibre de vie comme priorité
  • 48 % croient en l’impact positif de l’IA

Ce que révèle le Baromètre santé au travail

En prolongeant la restitution d’Assaël Adary, plusieurs enseignements clés émergent, dessinant une cartographie fine des attentes, fragilités et leviers d’action pour les branches professionnelles. Car si les résultats globaux sont encourageants, la réalité du terrain, elle, reste contrastée.

Équilibre de vie : une quête prioritaire

36 % des actifs identifient l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle comme le premier critère d’épanouissement au travail, devant la rémunération ou la trajectoire de carrière. Cet enjeu s’impose comme un marqueur fort des attentes contemporaines.

Les aidants, en particulier, cumulent les difficultés : 1 actif sur 3 est concerné, mais seuls 56 % d’entre eux l’ont déclaré à leur employeur. En cause : peur d’être jugé, perception d’un sujet trop “personnel” ou conviction que cela ne changerait rien. Pourtant, deux tiers d’entre eux déclarent avoir du mal à concilier leur rôle d’aidant avec leur emploi.

Faute d’accompagnement clair, beaucoup compensent par une surcharge invisible : horaires décalés, hyperconnexion, fatigue physique et mentale.

Télétravail et hyperconnexion : entre bénéfices et dérives

Le télétravail est perçu positivement : plus de 40 % des télétravailleurs estiment que leur stress a diminué grâce à ce mode d’organisation. Mais l’expérience n’est pas uniforme : 30 % indiquent qu’il n’a pas été mis en place en concertation avec leur hiérarchie, révélant des situations subies plutôt que choisies.

Les bénéfices sont clairs sur l’équilibre vie pro / vie perso et le bien-être mental, mais un effet secondaire apparaît : le lien social se fragilise. Y compris chez ceux qui ne télétravaillent pas, qui ressentent une forme d’isolement accru.

En parallèle, 51 % des actifs se connectent en dehors des horaires de travail, dont 28 % plusieurs fois par semaine. Cette hyperconnexion touche plus fortement les jeunes, les cadres… et les aidants, soulignant le besoin de poser un cadre collectif clair sur ces sujets.

Reconnaissance : un moteur pour les actifs

La reconnaissance est le facteur qui fait basculer un collaborateur dans le bien-être ou la saturation : 60 % des actifs s’estiment reconnus, mais seulement 15 % tout à fait. À l’inverse, 12 % ne se sentent pas du tout reconnus.

Chez les non-managers, les femmes avec enfants ou les salariés en arrêt, ce déficit de reconnaissance est plus marqué, générant davantage de stress, de démotivation et de retrait.

Quand la reconnaissance baisse, le stress grimpe à 71 %. Ce lien direct en fait un enjeu central du dialogue social de branche.

Santé mentale, stress et conduites à risque

Le rythme de travail est cité comme principal facteur de stress par 60 % des répondants. Face à cette pression, les stratégies d’adaptation varient : activité physique ou temps en famille pour certains… mais aussi mauvaise alimentation, écrans, troubles du sommeil ou surconsommation de stimulants pour d’autres.

La question des addictions reste taboue : 53 % des actifs disent que leur entreprise ne propose rien en matière d’accompagnement, 31 % pensent que des dispositifs existent, mais seulement 6 % en ont bénéficié. Un angle mort préoccupant.

Activité physique : des pratiques disparates

70 % des actifs se disent sportifs, mais ce chiffre cache des écarts : seuls 40 % déclarent pratiquer plusieurs fois par semaine, 10 % jamais, et 7 % uniquement en vacances. La catégorie sociale joue un rôle déterminant : les managers déclarent plus souvent une pratique régulière.

Côté entreprises, seulement 37 % des salariés disent que leur organisation propose des actions concrètes autour du sport ou de la prévention physique.

Heureusement, 70 % des actifs déclarent être sensibilisés aux gestes et postures pour limiter les TMS – un point positif à renforcer.

Intelligence artificielle : un potentiel bien perçu

Loin des craintes souvent relayées, 48 % des répondants estiment que l’IA pourrait améliorer leur bien-être au travail dans les prochaines années. Ce chiffre monte à 71 % chez les managers, les aidants et les utilisateurs réguliers.

Dans les faits, plus d’un actif sur deux n’utilise pas encore l’IA au travail, mais la Génération Z l’intègre déjà massivement dans son quotidien (89 %).

Cette confiance sous conditions ouvre la voie à une intégration éthique et concertée de l’IA, en lien avec les enjeux de charge mentale et d’utilité au travail.

Ce que les actifs attendent vraiment

Pour améliorer leur santé au travail, les actifs plébiscitent :

  • une meilleure ambiance,
  • des temps de travail aménagés,
  • moins de stress.

Les priorités de prévention ?

  • 40 % : stress et risques psychosociaux
  • 37 % : surcharge de travail
  • 34 % : troubles musculo-squelettiques

Acteurs jugés légitimes pour intervenir :

  • Médecin du travail (60 %)
  • Employeur (48 %)
  • Salarié lui-même (34 %)
  • Manager (23 %)
  • Assureur (21 %)

Échos de la salle : les branches face aux résultats

La présentation du baromètre a été suivie d’un temps d’échange riche, au cours duquel les représentants de branches ont confronté les enseignements de l’étude à leurs réalités de terrain.

Ce moment de dialogue a permis de faire émerger des points de vigilance partagés, des interrogations concrètes, mais aussi des pistes d’action à affiner dans les mois à venir.

Plusieurs participants ont salué la qualité de l’analyse, tout en exprimant le souhait de traduire les données dans les outils du quotidien : accords de branche, référentiels métiers, dispositifs de prévention. La question de la taille des structures est revenue à plusieurs reprises : si l’échantillon de 2 700 répondants permet une lecture représentative entre TPE, PME et grandes entreprises, les besoins et capacités d’action restent hétérogènes sur le terrain.

Des échanges nourris ont permis d’aborder plusieurs enjeux saillants :

  • Les conduites addictives, difficiles à objectiver dans les enquêtes quantitatives, restent marquées par un tabou tenace, notamment chez les consommateurs.
  • Le télétravail, globalement perçu comme bénéfique, soulève des questions de mise en œuvre : la concertation est apparue comme un critère déterminant pour qu’il soit vécu positivement.
  • L’intelligence artificielle, parfois utilisée de manière discrète voire non déclarée, fait émerger un risque d’usage non encadré, avec des outils gratuits et peu sécurisés.
  • L’aidance, encore mal identifiée dans les entreprises, apparaît comme un enjeu croissant : les participants ont insisté sur la nécessité de clarifier la nomenclature, d’identifier les aidants, et de proposer des dispositifs adaptés.

Enfin, une question plus globale a interrogé le rôle de l’entreprise face aux résultats du baromètre : comment se situer ? comment savoir si l’on fait assez ? Ce besoin de repères partagés renforce l’utilité d’outils comme ce baromètre pour aider les branches à évaluer, ajuster et prioriser leurs actions.

Cette séquence d’échange a confirmé la pertinence du baromètre comme outil de dialogue, mais aussi l’envie partagée de le faire vivre au-delà de sa restitution : pour anticiper, adapter, et co-construire des réponses à la hauteur des attentes exprimées.

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Le mot de la fin de Pascale Soyeux, membre du Comité Exécutif Groupe en charge de la santé prévoyance et des accords de branches d’AG2R LA MONDIALE

Mieux comprendre pour mieux protéger

_X3A7883.jpgCette restitution exclusive du 1er Baromètre santé au travail IFOP – AG2R LA MONDIALE marque une étape importante dans la trajectoire de Culture branches. En donnant à voir, de manière objectivée, ce que les actifs attendent de leur entreprise, de leur environnement de travail et de leurs représentants, elle offre aux branches professionnelles un socle précieux pour agir, ajuster et innover.

Les enseignements partagés ont mis en lumière des équilibres fragiles : entre satisfaction globale et tension quotidienne, entre télétravail plébiscité et sentiment d’isolement, entre motivation individuelle et besoin de reconnaissance. Le baromètre nous rappelle qu’il ne suffit plus de proposer des dispositifs : ils doivent être accessibles, compris, et perçus comme utiles.

Nous avons déjà eu l’occasion de le dire : quand on va au travail, on ne laisse pas ses ennuis personnels à la porte du bureau, et inversement, quand on rentre chez soi, les ennuis du travail ne restent pas sur le pas de la porte. La santé au travail doit être pensée dans toute sa complexité, intégrant sphère professionnelle et personnelle.

Les salariés aidants en sont un exemple frappant : souvent invisibles, majoritairement des femmes, souvent en situation de monoparentalité, ils cumulent des fragilités spécifiques. Il nous appartient collectivement de mieux les identifier, mieux les soutenir, et faire de l’entreprise un environnement réellement inclusif.

Je suis convaincue que les branches, avec lesquelles nous entretenons un lien de confiance historique, ont les leviers pour faire évoluer les référentiels collectifs et répondre aux nouvelles attentes : en matière de prévention, d’articulation des temps de vie, de reconnaissance, ou encore d’intégration éthique de l’intelligence artificielle.

Ce baromètre sera mis à jour régulièrement et servira de fil rouge pour accompagner vos réflexions et vos négociations. Culture branches continuera d’être ce lieu de dialogue exigeant et bienveillant, où l’on croise les regards pour faire émerger des réponses concrètes, au plus près du terrain. Un grand merci à Assaël Adary pour la qualité de sa présentation, à ses équipes pour leurs travaux, à Fabrice Heyriès pour sa présence engagée, et à vous toutes et tous pour votre fidélité et votre implication.

Nous reviendrons rapidement vers vous avec le thème de notre prochain rendez-vous prévu le 9 décembre dans la matinée — construit, comme toujours, à partir de vos priorités et des grands sujets qui traversent les branches.

A propos de Culture branches

AG2R LA MONDIALE propose des accords de branches santé prévoyance pour près de 110 branches professionnelles. Nos offres co-construites avec les partenaires sociaux répondent aux besoins et spécificités de chaque branche. La particularité d’AG2R LA MONDIALE réside dans la présence de pôles professionnels paritaires et affinitaires au sein de sa Gouvernance : le Pôle alimentaire, le Pôle ESS, le Pôle coiffure.

Créé en 2016, Culture branches entend stimuler la réflexion sur la protection sociale complémentaire de demain. Une approche collaborative innovante d'AG2R LA MONDIALE avec les acteurs clés de la négociation collective, pour construire un modèle de couverture santé et de protection sociale robuste et solidaire. Culture branches, c’est une communauté active de près de 1000 négociateurs qui se réunissent pour échanger, aux côtés d’experts et de professionnels engagés, sur leurs préoccupations et défis actuels.

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