L’aidance, source de compétences pour l’entreprise
Pionnier sur le sujet, AG2R LA MONDIALE a mis en lumière les savoirs spécifiques développés par les proches aidants, ainsi que leur adéquation avec les attentes des employeurs. Une invitation à faire bouger les lignes.

La double vie des aidants qui travaillent
En France, entre 9 et 11 millions de citoyens apportent une aide régulière à un enfant, un conjoint ou un parent en situation de handicap ou de perte d’autonomie. Parmi eux, 61 % sont en emploi(1). Ces aidants actifs sont des salariés ou indépendants que les circonstances de la vie ont conduits à mener de front activité professionnelle et soutien à leur proche. Une double fonction qui exige au quotidien une grande disponibilité et mobilise d’importantes ressources physiques, psychologiques et intellectuelles.
Le profil des salariés aidants
▪ 20 % des salariés sont aidants, ce qui représente 4,4 à 5 millions de personnes(2).
▪ 52 % sont des femmes(3).
▪ L’âge moyen des salariés aidants est de 42 ans et leur âge moyen d’entrée dans l’aidance est de 33 ans(2).
▪ 43 % aident un parent, 30 % un grand-parent, 9 % un conjoint, 7 % un enfant(2).
Du reste, il est fréquent que ces aidants se voient contraints de réduire leur temps de travail — 33 % sont passés à temps partiel(4) —, d’interrompre leur activité, voire de renoncer à leur emploi. En premier lieu, les femmes — qui représentent 64 % des aidants sans emploi en âge de travailler(3) — et les seniors — la fameuse « génération pivot ». Pourtant, comme d’autres épreuves de la vie, l’expérience de l’aidance permet d’acquérir ou de renforcer des expertises et des aptitudes spécifiques, particulièrement précieuses dans un collectif de travail. Mais ces qualités restent invisibles aux yeux d’une majorité d’employeurs — et des principaux concernés —, ce qui contribue à freiner leur reconnaissance et leur intégration professionnelle.
Des compétences profitables à l’entreprise
Cette conviction a poussé AG2R LA MONDIALE à initier en 2020 des travaux inédits visant à identifier les compétences induites par l’aidance, et leur potentiel de valorisation sur le marché du travail. Menée avec l’Association française des aidants, le Cercle Vulnérabilités et Société(5) et la Fédération nationale des centres d’information des droits des familles (FNCIDFF), cette démarche collaborative a mobilisé au total une vingtaine d’experts, entrepreneurs, acteurs du recrutement et de l’emploi, du monde associatif et de la recherche universitaire. Elle a également reçu le soutien du ministère du Travail et de l’agence France Travail.
Ces travaux ont fait apparaître quatre grandes familles de savoir-faire et savoir-être : la faculté de résoudre des problèmes complexes (analyse, gestion des priorités, prise de décision…), la capacité à travailler avec les autres (leadership, négociation, coopération…), l’auto-organisation (autonomie, créativité, intelligence émotionnelle, flexibilité…) et enfin, la maîtrise des équipements et technologies (compétences numériques, compréhension et gestion des équipements…). Des dispositions qui sont précisément les plus recherchées par les employeurs — en particulier les qualités comportementales ou « soft skills » —, comme le souligne le Forum économique mondial dans un rapport sur les emplois d’avenir(6).
Des outils pour mieux reconnaître le potentiel des aidants
Ce référentiel a été testé pendant 18 mois par une dizaine d’entreprises pionnières — dont notre Groupe. L’expérimentation a ensuite donné lieu à la création d’un guide pratique à l’usage des recruteurs, dirigeants et managers, afin de les aider à repérer ces compétences. Un questionnaire d’auto-évaluation a également été conçu à l’attention des aidants, pour leur permettre de mieux appréhender leurs atouts dans un cadre professionnel.
Pour autant, il subsiste encore de nombreux freins à la reconnaissance du potentiel des aidants. D’une part, les employeurs ne sont pas suffisamment formés ni outillés pour en prendre la mesure, et donc pour l’exploiter. D’autre part, les aidants eux-mêmes n’en ont pas forcément conscience, la plupart étant réticents à évoquer leur situation sur leur lieu de travail ou lors d’un entretien de recrutement. D’où la nécessité de créer des passerelles, via les acteurs du soutien aux aidants et de l’accompagnement dans l’emploi.
Un tabou persistant…
▪ 63 % des salariés aidants n’ont pas informé leur employeur de leur situation d’aidant(2).
▪ 59 % des DRH considèrent que le fait d’être un salarié en situation d’aidance reste un sujet tabou(2).
… mais une prise de conscience en marche
▪ 81 % des DRH pensent que les salariés aidants développent des compétences utiles à l’entreprise(4).
▪ 81 % estiment que ces compétences peuvent être un levier de performance pour l’entreprise (53 % le pensent à condition de savoir les exploiter)(4).
▪ 76 % sont convaincus qu’il coûte plus cher à l’entreprise de ne rien faire que d’agir pour les salariés aidants(4).
Une opportunité pour l’entreprise
Longtemps considérée par les employeurs comme relevant exclusivement de la sphère privée, l’aidance est devenue un sujet incontournable, au carrefour des politiques de ressources humaines et de responsabilité sociale (RSE). Avec le vieillissement de la population, l’allongement des carrières et l’augmentation des maladies chroniques, le nombre d’aidants actifs continuera à croître inéluctablement. D’ici à 2030, un salarié sur quatre sera proche aidant. Toutes les entreprises seront concernées à plus ou moins court terme.
Or, en valorisant les compétences des aidants dans leur parcours professionnel et en créant les conditions favorables à leur retour ou leur maintien dans l’emploi, les employeurs s’engagent dans une démarche vertueuse consistant à mieux accompagner leurs collaborateurs actuels et mieux accueillir leurs collaborateurs futurs. Tout en faisant d’une contrainte apparente une force au service de la performance collective.
Le chantier « Aidance et compétences » a été initié par l'action sociale d'AG2R LA MONDIALE, au travers de ses institutions AG2R Agirc-Arrco, AG2R Prévoyance et Arpège Prévoyance.
(1) France Travail, avril 2024.
(2) Étude « Salariés aidants : quelles réponses ? », Ocirp, 2024.
(3) Baromètre « Aider et travailler », Interfacia, 2023.
(4) Étude « Les salariés aidants : coût ou richesse pour l’entreprise ? », Ocirp, 2023.
(5) Groupe de réflexion qui étudie concrètement la manière dont les vulnérabilités du champ social et de la santé peuvent devenir un véritable levier de développement économique et social.
(6) « The Future of Jobs Report 2023 », World Economic Forum’s Centre for the New Economy and Society.
Témoignages d’employeurs engagés dans la démarche
« La prise de conscience des compétences de l’aidant a conforté l’importance grandissante des “soft skills” dans les choix de recrutement. Plus qu’une compétence technique, les entreprises recherchent des personnalités capables de s’adapter à des situations complexes et changeantes. Les valeurs de l’engagement et de l’empathie sont également des critères importants dans un processus de recrutement. Toutes ces valeurs et “soft skills” sont toujours présents chez les personnes aidantes. »
Un dirigeant d’entreprise
« [Le] sens de l’organisation [des aidants], leur résilience, leur empathie et leur capacité à gérer les situations stressantes sont des qualités inestimables. Sur le plan collectif, cette prise de conscience a renforcé notre conviction que nous devons soutenir activement les aidants au sein de notre entreprise, car ils apportent une expertise précieuse et une énergie positive à notre équipe. »
Un responsable RSE
« Participer à ce groupe de travail a été une expérience enrichissante qui a transformé notre vision des aidants et a eu un impact positif sur notre entreprise. Grâce à cette démarche, nous reconnaissons désormais pleinement les compétences des aidants et nous travaillons activement pour créer un environnement de travail plus inclusif et solidaire. »
Un responsable RSE
« Les échanges ont permis de mettre en lumière l’intérêt d’avoir à la fois une approche RH et sociale pour introduire la notion d’aidance comme un paramètre à prendre en compte dans une politique RH. Cela participe à un changement de paradigme, de regard sur l’aidance, à l’instar du handicap dans le monde du travail. »
Un responsable RSE et prévention
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Engagés de longue date auprès des proches aidants, nous accompagnons les entreprises de façon globale, dans leur démarche en faveur de la qualité de vie au travail de leurs salariés aidants. Nous proposons pour cela une offre de services large, dont notre dispositif de soutien individuel « Aux côtés des aidants » et notre portail communautaire « Aidons les nôtres ».
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